Le mot commençant par « B » est de retour dans les discussions sur le marché canadien du logement. Les plus récents chiffres de l’Association canadienne de l’immobilier (ACI) expliquent pourquoi les craintes d’une bulle sont à la hausse.
En février, les ventes ont fait un bond de près de 40 % par rapport à l’année précédente, établissant ainsi un nouveau record. Les ventes ont augmenté de près de 7 % par rapport à janvier. Le prix moyen national a bondi de 25 % sur douze mois. Aussi, le nombre de nouvelles inscriptions a rebondi en février par rapport au mois précédent, mais les stocks demeurent à des niveaux historiquement bas. À l’échelle nationale, l’offre n’est que de 1,8 mois.
La Banque du Canada a exprimé des inquiétudes quant à la surchauffe. Le gouverneur Tiff Macklem a fait savoir que certains signes indiquent que la spéculation immobilière s’intensifie.
[Traduction] « Ce qui nous inquiète, c’est quand nous commençons à voir poindre des attentes extrapolatives, quand nous commençons à voir des gens s’attendre à ce que les hausses de prix insoutenables – comme celles que nous avons récemment connues – se poursuivent indéfiniment et qu’ils fondent leur décision immobilière sur de telles hypothèses. » C’est la mise en garde que Macklem a lancée plus tôt ce mois-ci.
D’autres observateurs du marché soulignent des facteurs moins bouillonnants.
[Traduction] « Je pense que c’est en partie la demande qui s’est accumulée dans la foulée des changements réglementaires apportés au cours des années ayant précédé la COVID et qui se manifeste maintenant. Une partie de cette demande est tirée de l’avenir, soit à la recherche d’un port d’attache pour survivre à la pandémie, soit pour conclure un achat dans un contexte de hausse rapide des prix tout en bénéficiant d’un taux hypothécaire plus bas que jamais », a affirmé Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI.
Tsuriel Somerville, professeur d’économie urbaine à l’Université de la Colombie-Britannique, pense que des facteurs démographiques pourraient pousser le marché. Il pense également que la COVID-19 a pu accélérer certaines transactions qui auraient eu lieu de toute façon, mais sur une plus longue période. Selon Somerville, les millénariaux – dont on dit qu’ils sont satisfaits d’être locataires et de vivre dans une économie du partage – finiront par accéder au marché de la propriété lorsque leur situation démographique le dictera.